Dans un pays comme le Sénégal, où coutumes et modernités se côtoient au quotidien, le respect des droits des enfants et la protection de l’enfance se heurtent souvent aux pratiques traditionnelles du pays.
Depuis plus de 15 ans, World Vision France vient en aide aux enfants sénégalais via trois programmes de parrainage au Sénégal : Mabo, Diokoul et Nettéboulou. Et plus récemment à Maka Yopp. L’association y mène notamment des actions de prévention et de sensibilisation à la protection et aux droits des enfants auprès de la population. Un travail porté par les équipes de l’ONG en partenariat avec les acteurs locaux et nationaux du Sénégal.
Quels sont les violences dont sont victimes les enfants sénégalais ?
Les violences touchent encore malheureusement de nombreux enfants dans le monde. Selon les derniers chiffres de l’ONU, près d’un milliard d’enfants subissent des violences physiques, sexuelles, émotionnelles ou des négligences chaque année. Victimes d’exploitation, d’agressions physiques ou verbales ou encore de discriminations, les enfants les plus vulnérables peinent à se construire un avenir dans de telles conditions.
Mariages précoces, mutilations génitales féminines, châtiments corporels, exploitation sexuelle, travail des enfants, au Sénégal, les violences que subissent les enfants prennent de nombreux visages. Ces abus entrainent souvent les enfants dans le cercle vicieux de la pauvreté. En effet, nombreux sont les enfants obligés d’abandonner l’école. Faute d’éducation et de formations, beaucoup ne peuvent trouver de travails qui répondent à leurs besoins vitaux.
Même si toutes ces pratiques sont interdites par l’État sénégalais, il est souvent difficile de recenser les situations de violence et de changer les comportements profondément ancrés. Les mariages précoces restent une réalité pour de nombreuses jeunes filles. On estime que 33 % des enfants seraient mariés avant 18 ans dans le pays. 26 % des jeunes filles sénégalaises sont quant à elles victimes d’excision.
De plus, pour qu’un enfant puisse avoir des droits et être protégé aux yeux d’un état, il doit être enregistré dès sa naissance. Or, plus de 650 000 enfants de moins de cinq ans ne seraient pas déclarés au Sénégal. Alors que le pays impose un enregistrement dans le mois qui suit la naissance, en pratique, beaucoup de familles ne s’accommodent pas de ces formalités, par manque d’habitude.
L’absence d’identification des enfants a pourtant un impact direct sur l’accès à l’éducation, la santé et les droits des enfants. Sans certificat de naissance, les enfants sont d’autant plus exposés aux risques d’exploitation, de travail des enfants, et de mariage précoce : il devient impossible de prouver l’âge des jeunes filles qui se marient ou de recenser les enfants non scolarisés. Les enfants se retrouvent également bloqués dans leur scolarité lorsqu’ils doivent s’inscrire aux examens et fournir leur certificat de naissance.
Nos actions pour la protection des enfants au Sénégal
La protection des enfants contre les violences, quelle qu’en soit la nature, est au cœur des actions de World Vision France. Depuis plus de 15 ans, l’ONG agit au sein de communautés sénégalaises pour sensibiliser et accompagner les enfants et leurs familles au respect de leurs droits. Mais protéger les enfants, ne signifie pas imposer des normes aux populations, sinon réfléchir avec elles sur les meilleurs moyens de garantir un environnement sûr et juste pour les filles et les garçons.
Grâce à son approche Les Canaux de l’Espoir et Célébrer les familles, l’ONG a pu former 317 chefs religieux et 229 parents aux questions relatives à la protection des enfants et au respect de leurs droits. Les enfants les plus vulnérables de la communauté bénéficient également d’un soutien et de temps d’échanges où ils peuvent dénoncer certaines situations. Ces approches ont notamment pu permettre :
- La prise en charge de 64 enfants victimes de violences avec un accompagnement médical, juridique et psychosocial.
- La diffusion régulière d’émissions radio impliquant les communautés, et les acteurs locaux de la protection de l’enfance.
- La mise en place du Parlement des enfants, un espace d’échange qui a permis l’identification de 70 cas de violences faites aux enfants (mariages, abus sexuels, violences corporelles).
- Le renforcement des capacités d’une soixantaine de professionnels du secteur de la protection de l’enfant sur l’accueil, l’écoute et l’accompagnement des enfants victimes d’abus sexuel et de maltraitance.
» Avec le trentième anniversaire de la Convention Internationale des Droits de d’Enfant, nous avons pu montrer, une fois encore, que les enfants et les adolescents peuvent agir pour leur propre protection en sensibilisant et éduquant leurs camarades et amis. » Rocky, 17 ans, Président du Parlement des enfants.
World Vision France, via ses actions de plaidoyer, appelle également le gouvernement sénégalais à renforcer les mesures d’enregistrement des naissances en impliquant les chefs religieux aux actions de sensibilisation, en encourageant la présence d’officiers d’état-civil dans les établissements de santé et en rendant l’enregistrement des naissances gratuit.