Éducation à la sexualité : quelles différences selon les pays ?

Éducation à la sexualité : quelles différences selon les pays ?

Près de la moitié des grossesses dans le monde ne sont pas intentionnelles, selon l’ONU.

Aujourd’hui, près de la moitié des grossesses dans le monde ne sont pas intentionnelles, soit 121 millions de grossesses par an, selon l’ONU.

Ces chiffres rappellent que l’accès à une éducation sexuelle de qualité est essentiel et manque encore dans de nombreuses régions du monde.

Plus marquée dans les pays en développement, cette absence de programme d’éducation à la sexualité impacte la vie et la santé de nombreuses jeunes filles. En effet, l’information et la sensibilisation sur la sexualité sont l’une des premières barrières contre les maladies et les violences.

Pourquoi l’éducation à la sexualité est-elle si importante ?

L’éducation à la sexualité joue un rôle majeur dans la vie des jeunes partout dans le monde. Elle répond aux questions concrètes que les garçons et les filles se posent sur leurs corps durant l’adolescence. L’éducation complète à la sexualité (ECS), telle que la promeut l’UNESCO et l’OMS, permet ainsi aux enfants et aux adolescents de comprendre la puberté, loin des fausses informations et des tabous qui persistent dans certains contextes culturels.

L’éducation sexuelle contribue de manière plus globale à la santé publique. Les cours d’éducation sexuelle permettent de prévenir la transmission d’infections sexuellement transmissibles comme le VIH. Lorsqu’ils sont bien menés, les programmes d’éducation sexuelle aident les jeunes à retarder l’âge de leur première relation sexuelle, à utiliser des moyens de contraception et diminuent majoritairement les comportements à risque.

Bien au-delà de l’aspect physique, ces programmes promeuvent également des valeurs de respect, d’égalité et de consentement. Ils donnent aux jeunes les outils pour faire des choix éclairés et développer des relations saines. Au sein de ces programmes, les adolescents abordent notamment la gestion des émotions et travaillent l’estime de soi.

En suivant des cours d’éducation sexuelle, les jeunes sont sensibilisés aux violences sexuelles et sexistes, et apprennent à reconnaître les situations à risque. Ces derniers sont alors plus disposés à oser en parler à un adulte de confiance, et à agir pour leur propre sécurité et celle de leur entourage lorsque cela s’avère nécessaire. C’est pourquoi l’ensemble des proches d’adolescents doivent être impliqués pour la protection des droits sexuels et reproductifs. Qu’il s’agisse de l’école, de la famille ou des professionnels de santé, chacun a un rôle à jouer pour assurer un environnement sûr aux jeunes générations.

Des écarts immenses selon les pays

Europe et Amérique du Nord

Bien que des lacunes existent, l’accès à l’éducation sexuelle en Europe et en Amérique du Nord est bien avancé par rapport à de nombreuses autres régions du monde. Les programmes d’éducation sexuelle sont désormais majoritairement intégrés au sein du programme scolaire.

Dans certains pays, comme en Suède ou en Finlande, les élèves commencent le programme d’éducation à la sexualité dès la maternelle ou l’école primaire, en abordant notamment les émotions, le corps et les différences. Bien que ces programmes d’éducation à la vie affective et relationnelle ne soient pas toujours très bien acceptés par l’ensemble de la population, les progrès sont bien réels.

Dans d’autres pays, comme aux États-Unis par exemple, l’éducation à la sexualité a parfois tendance à reculer dans certaines zones rurales ou conservatrices en raison de la réticence des parents d’élèves et même des professeurs.

Afrique subsaharienne

L’Afrique subsaharienne est une région marquée par de nombreuses traditions et tabous qui empêchent les programmes d’éducation sexuelle de se développer correctement. La sexualité, notamment celle des filles, est souvent considérée comme un sujet honteux, très peu abordé en famille. Ce manque d’éducation augmente particulièrement les risques de mariages précoces, grossesses non désirées et abandon scolaire des filles au sein des contextes les plus touchés par la pauvreté.

Dans cette région du monde, seuls 37 % des jeunes savent comment se transmet le VIH et comment s’en protéger, alors qu’une éducation adaptée permettrait de réduire considérablement l’incidence des maladies et grossesses précoces. En Afrique de l’Est et australe, les taux de grossesse chez les adolescentes, compris entre 15 % et 25 %, sont parmi les plus élevés du monde.

Amérique latine

Certains pays comme l’Argentine disposent législativement d’une bonne couverture en matière d’éducation à la sexualité. Pourtant la mise en œuvre concrète reste limitée, freinée notamment par une forte influence religieuse qui stigmatise la contraception. Les taux de grossesses adolescentes dans cette région du monde sont parmi les plus élevés du monde, incarnant l’une des causes principales d’abandons scolaires pour les jeunes filles.

Asie du Sud et Moyen-Orient

Lorsqu’on recense les programmes d’éducation à la sexualité dans le monde, l’Asie du Sud et le Moyen-Orient sont parmi les moins avancés. L’éducation sexuelle y est quasiment absente ou considérée comme un sujet interdit. L’accès aux moyens de contraception est limité et les jeunes filles et garçons peinent à trouver des informations adaptées. Cette situation contribue au maintien de pratiques néfastes comme les mariages précoces et au non-respect des droits sexuels et reproductifs. 

Les conséquences d’un silence mondial

Connaître son corps, c’est aussi savoir le protéger. En l’absence d’informations autour de la sexualité, les adolescents sont plus facilement exposés aux stéréotypes de genre et aux violences. Ces derniers entrent dans la puberté sans outils pour gérer au mieux les changements corporels et émotionnels vécus durant cette période.

Les conséquences sont nombreuses :

  • Abandon scolaire,
  • Augmentation des grossesses non désirées,
  • Propagation des infections sexuellement transmissibles,
  • Multiplication des mariages précoces et mariages forcés,
  • Montée des violences sexuelles ou sexistes.

Ces conséquences sont recensées partout dans le monde, avec une ampleur particulière dans les zones où les programmes d’éducation sexuelle sont quasi inexistants :

  • En Afghanistan, le rapport de l’UNFPA estimait le nombre de grossesses non intentionnelles à 4,8 millions entre 2022 et 2025 en raison de la guerre et des perturbations du système de santé.
  • Plus de 60% des grossesses non désirées dans le monde se terminent par un avortement, dont 45% sont non médicalisés, causant 5 à 13% des décès maternels.
  • Aux Philippines, seulement 3 % des femmes souhaitant retarder ou limiter leurs grossesses ont reçu des conseils en contraception lors de leur visite au sein d’un établissement de santé.

Dans de nombreuses régions du monde, le manque de moyens et l’absence d’éducation sexuelle menacent les droits des femmes et augmentent les risques pour leur santé. Des actions doivent être mises en place afin d’améliorer la situation des femmes et des adolescents.

Que faire pour changer les choses ?

À l’image de certains pays qui ont intégré l’éducation sexuelle aux programmes scolaires, les systèmes éducatifs doivent être revus afin de laisser une place significative aux cours sur le corps et la gestion des émotions. L’accès à l’éducation sexuelle pour tous les élèves est un premier pas vers l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles.

Mais l’école n’est pas l’unique voie pour améliorer la situation. Il est tout aussi important d’agir sur l’environnement global des jeunes, notamment en passant par la famille et les proches. 

Via ses programmes de parrainage, World Vision, lutte contre les discriminations et les pratiques néfastes comme le mariage précoce. En travaillant avec les figures religieuses et les chefs de villages, l’ONG humanitaire ouvre le dialogue au sein de la population afin de sensibiliser les filles, les garçons et leurs parents aux dangers de ces pratiques.

Des groupes de parole et des clubs de filles permettent aussi aux adolescentes d’échanger entre elles et de s’informer sur des sujets comme la contraception ou encore la gestion des menstruations.

En Éthiopie, l’ONG humanitaire a mis en place des clubs dédiés à la santé et à l’hygiène menstruelle pour que les adolescents comprennent les menstruations et apprennent à les gérer au mieux. Firaol, élève de 4ème raconte « Nous avons surmonté notre timidité et réduit significativement l’absentéisme lié à l’hygiène menstruelle. Nous promouvons une santé menstruelle sûre auprès des autres filles. Le club change vraiment nos vies. »

Le club a aussi sensibilisé les garçons sur les menstruations. La jeune fille témoigne : « Avant, les garçons se moquaient et nous isolaient, mais après la formation, tout a changé. Ils ne se moquent plus et nous apportent leur aide pendant cette période. »

Les systèmes de santé et l’accès aux services doivent également être renforcés. World Vision forme notamment le personnel médical dans le but d’améliorer les soins prodigués et de garantir que les filles, mais aussi les garçons, bénéficient de conseils et d’informations adéquats sur les IST ou encore la contraception.

Une urgence pour les filles et les femmes

L’éducation sexuelle ne doit pas être prise à la légère. Éduquer les filles et les garçons permet de sauver des vies et permet aux jeunes générations de faire leurs propres choix quant à leur avenir. En étant informées et sensibilisées, les populations peuvent construire des sociétés plus égalitaires et résilientes.

Chacun peut agir à son niveau, en soutenant les programmes d’éducation, en sensibilisant son entourage, ou en faisant un don. Vous pouvez notamment devenir parrain ou marraine. Dans le cadre de la campagne « 1000 filles », de nombreuses jeunes filles attendent votre soutien.

Soutenir l’éducation des filles, c’est défendre leur droit fondamental à protéger leur corps, choisir leur vie et leur avenir.

Pour en savoir plus sur World Vision France, télécharger notre brochure
Soutenir Vision du monde
Je parraine
Agisser avec Vision du monde
J’agis…
* Champs obligatoires