Crise climatique en Irak : quel impact ?
Considéré comme l’un des pays les plus touchés par le réchauffement climatique, l’Irak fait face à la désertification de son territoire et à des épisodes de sécheresse de plus en plus intenses.
L’abandon des terres agricoles en Irak
Outre les conflits et leurs conséquences, les agriculteurs doivent également faire face à la hausse des prix du fourrage et aux conséquences du changement climatique.
Alors que la majorité des agriculteurs cultivent leurs champs de manière traditionnelle, ces derniers dépendent de l’irrigation de leurs terres. Les sécheresses à répétition, la destruction des infrastructures et l’augmentation du coût de la vie poussent de plus en plus d’Irakiens à quitter la campagne et le milieu agricole pour s’installer en ville.
Mohammed, agriculteur à Diyala, explique qu’en 2021, les récoltes étaient inexistantes :
« C’est l’année la plus difficile que nous ayons jamais connue. Je vis de l’agriculture, et aujourd’hui notre situation s’est largement aggravée. Vivre ici est difficile, alors je pense partir au Kurdistan avec ma femme et mes six enfants. » Là-bas, Mohammed et sa famille seront confrontés à la barrière de la langue alors qu’aucun d’entre eux ne parle kurde.
En Irak, l’agriculture est également de moins en moins populaire auprès des jeunes générations et la plupart des travailleurs agricoles conseillent à leurs enfants d’obtenir un diplôme universitaire afin de bénéficier d’un revenu plus stable.
Le changement climatique en cause
Tout comme la Turquie, l’Iran et la Syrie, l’Irak dépend du Tigre et de l’Euphrate pour s’approvisionner en eau. À plusieurs reprises, ce bassin fluvial s’est trouvé en état de stress hydrique provoquant de grandes pénuries d’eau et affectant directement les pays qui en dépendent. En mai 2021, le ministère irakien des ressources en eau (MoWR) a annoncé que l’approvisionnement en eau de ces deux fleuves, principales sources d’eau de l’Irak, avait diminué de 50 % au cours de l’année.
Le changement climatique, ainsi que la présence de barrages construits en amont dans les pays voisins, sont notamment responsables de la baisse du niveau des fleuves. Couplés aux tempêtes de sable et aux crues imprévisibles, les épisodes de sécheresse de plus en plus intenses fragilisent les agriculteurs, dont le besoin en eau est important.
« La désertification affecte 39 % des terres irakiennes, la raréfaction de l’eau est un problème dans toutes nos régions » explique le président irakien Barham Saleh.
Selon la stratégie nationale pour les ressources en eau et en terres en Irak, une diminution de 10 % des précipitations et une augmentation de la température de 1 °C d’ici 2050 entraîneront une réduction de 20 % de la disponibilité de l’eau douce. Cela signifie que près d’un tiers des terres irriguées en Irak seront privées d’eau.
L’impact de la crise climatique sur les enfants
Avec la crise économique, le changement climatique est l’une des raisons qui empêchent aujourd’hui de nombreux Irakiens de se relever de la crise politique dans laquelle se trouve le pays depuis de longues années. Le manque d’eau impacte directement les agriculteurs et leurs familles qui ne peuvent subvenir à leurs besoins et diversifier leurs sources de revenus.
Lorsque la pauvreté affecte les familles, les enfants en sont souvent les premiers impactés. Ils quittent alors les bancs de l’école pour aider leurs parents dans les champs ou bien pour trouver un travail. Lorsque la famille est contrainte de quitter ses terres, la migration peut également avoir de graves répercussions sur la santé, l’éducation et les droits de l’enfant de manière globale.
« Nous voulons que nos enfants soient eux aussi agriculteurs, mais s’il y a encore des sécheresses, nous devrons migrer » affirme un agriculteur à Diyala.