Venezuela, l’urgence face à la crise humanitaire

Venezuela, l’urgence face à la crise humanitaire

Autrefois réputé comme étant le pays le plus riche d’Amérique latine, le Venezuela est aujourd’hui dans une impasse. Tiraillé entre deux prétendants au poste de Président, et frappé par une crise autant politique qu’économique, le pays a du mal à se relever.

Inflation, urgence alimentaire, coupures d’électricité, la plus grande puissance pétrolière est aujourd’hui devenue un véritable enjeu international pour lequel le peuple vénézuélien essaye de se battre.

Venezuela : une crise économique, politique et humanitaire

Comptant parmi l’une des plus grandes réserves mondiales de pétrole, il est difficile de comprendre comment le Venezuela a pu s’enliser dans une crise qui semble sans issue. Pourtant, la crise politique et économique à laquelle le pays doit faire face, a commencé à prendre racine il y a quelques années déjà.  

En 1999, Hugo Chávez, porté en majorité par les classes populaires, arrive au pouvoir. Après des années passées sous un gouvernement de droite, les Vénézuéliens profitent de réformes sociales en faveur des plus vulnérables. Le taux de pauvreté diminue et les inégalités se réduisent, tout comme le chômage et les problèmes de malnutrition.

Mais pour réussir à mener à bien ces réformes, le Président vénézuélien doit endetter le pays en empruntant des milliards de dollars à la Chine. Le chef du gouvernement surfe également sur la vague de pétrole. Les grandes réserves d’or noir du pays permettent d’envisager sereinement les réformes sociales voulues par le gouvernement vénézuélien puisque le cours du baril remonte dès le début des années 2000. Une situation qui fragilise pourtant le pays en cas de choc pétrolier.  

Après 14 ans de présidence, Hugo Chávez meurt le 5 mars 2013. Un mois plus tard, des élections anticipées mettent Nicolas Maduro, alors vice-président, à la tête du pays. Se revendiquant comme un héritier du gouvernement socialiste de Chávez, cet ancien chauffeur de bus et syndicaliste est pourtant contesté. Malgré un scrutin à 50,66 % pour Nicolas Maduro, l’opposition politique rappelle que, selon la Constitution, c’est au président de l’Assemblée nationale de prendre le pouvoir. 

Dans un contexte déjà tendu, le cours du baril dégringole. De 3 millions de barils par jours dans les années 90, la vente de pétrole passe désormais à un million de barils par jour. Endettée et privée d’une partie de ses richesses pétrolières, l’économie du Venezuela s’effondre avec le prix du pétrole, obligeant la population à faire face à une importante inflation.

Peu à peu, les denrées alimentaires importées deviennent inaccessibles et la pénurie s’installe, atteignant même les classes moyennes. Le gouvernement se voit alors contraint de supprimer des aides sociales pour pallier le manque de ressources financières.  

Sur fond de crise économique, de plus en plus de manifestations politiques anti-chavistes éclatent dans le pays. Pour faire face, le gouvernement de Nicolas Maduro répond par la force. L’intervention militaire engendre des dizaines de morts et des milliers de blessés à chaque manifestation. Portée par Juan Guaidó, président de l’Assemblé nationale, l’opposition anti-chaviste est fortement réprimandée et beaucoup de Vénézuéliens doivent fuir leur pays.  

Afin de contrer le président en exercice, Juan Guaidó, se proclame Président par intérim le 23 janvier 2019. Malgré l’obstination de Nicolas Maduro à garder le pouvoir, le président de l’Assemblée nationale et opposant au régime en place, est alors tout de suite reconnu par une grande majorité de la communauté internationale comme étant le Président intérimaire du Venezuela. Une situation politique encore très instable qui se répercute sur l’ensemble de la population. 

Les conséquences de la crise vénézuélienne

Depuis 2014, la crise vénézuélienne ne cesse d’impacter la population. L’état d’urgence alimentaire, le manque de médicaments et les répressions auxquelles les habitants doivent faire face provoquent le départ de millions de personnes.

Selon le Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les Réfugiésprès de 5 millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays depuis le début de la crise et plus de 20 % de la population vivra en dehors de ses frontières en 2020. Ce mouvement migratoire est le plus grand mouvement international de populations après la crise des réfugiés Syriens.

Les raisons de leur départ sont nombreuses :

  • La répression contre les opposants : les manifestations contre le gouvernement de Nicolas Maduro sont violentes. Depuis le début de la crise, 18 000 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre pour « résistance à l’autorité ».
  • L’insécurité : face à la faim et la misère, la criminalité s’installe. Les trafics de drogue pallient l’économie bancale du pays. Le pays détient désormais la place du 3ème taux d’homicide le plus élevé.
  • Les pénuries alimentaires : les produits de première nécessité, importés ou non, deviennent inaccessibles à cause de l’hyperinflation (2610% en 2017). Les États-Unis bloquent le commerce avec le Venezuela et les produits sont de plus en plus chers. Une boîte d’œufs coûte près de la moitié d’un smic vénézuélien.
  • Le manque de médicaments : les hôpitaux ne fonctionnent plus qu’avec le strict minimum empêchant une grande majorité de la population de se faire soigner.
  • Les inégalités entre les classes sociales sont de plus en plus fortes. Alors que 60 % des Vénézuéliens vivant à Caracas se logent dans des bidonvilles, parfois sans accès à l’eau potable, le Venezuela n’a jamais compté autant de millionnaires sur son territoire.

La Colombie, le Chili, l’Argentine, le Brésil, et le Pérou sont les principaux pays d’accueil des réfugiés vénézuéliens. Certains Vénézuéliens, ayant plus de moyens, décident de rejoindre les pays européens pour se protéger des représailles contre les opposants.

Des moyens de grandes ampleurs sont alors mobilisés aux frontières pour faire face à ce flux migratoire d’une grande intensité. Le Brésil envoie notamment plus de 3000 soldats à la frontière pour assurer la sécurité des Brésiliens et des Vénézuéliens.

*Source : Venezuela, l’histoire d’un désastre, Le Parisien

L’aide humanitaire d’urgence de World Vision

Face à l’intensification de la crise au Venezuela, la nécessité d’une aide humanitaire d’urgence se fait de plus en plus ressentir alors que 5 000 migrants et réfugiés quittent le Venezuela chaque jour. Or début 2019, les militaires soutenant Maduro bloquaient encore aux frontières l’aide humanitaire réclamée par Juan Guaidó : un véritable bras de fer politique.

Dès l’intensification de la crise il a donc été nécessaire d’agir dans les pays limitrophes pour accueillir les réfugiés dans de meilleures conditions. Le nombre de Vénézuéliens présents dans les pays caribéens et d’Amérique Latine est passé de près de 700 000 en 2015 à près de 4 millions à la fin octobre 2019.

Cette importante crise migratoire nécessite donc l’intervention des équipes locales de World Vision en Colombie, où environ 1,5 million de Vénézuéliens ont trouvé refuge, au Pérou avec plus de 860 000 réfugiés vénézuéliens, en Équateur et au Chili avec près de 400 000 réfugiés dans chaque pays, au Brésil (plus de 200 000 réfugiés) et en Bolivie (2 000 réfugiés).

Dans l’ensemble de ces pays hôtes, World Vision est venu en aide depuis janvier 2019 à près de 140 000 personnes grâce à la mise en place d’activités de protection des enfants et de leurs familles et la distribution de nourriture, de produits de première nécessité, et de kits d’hygiène. Une aide qui bénéfice à :

  • Près de 70 000 enfants
  • Plus de 70 000 femmes et filles
  • Près de 900 femmes enceintes
  • Plus de 5 000 personnes âgées

Environ 50 % des bénéficiaires de cette aide humanitaire d’urgence ont reçu une aide financière et des coupons pour pouvoir se nourrir.

L’aide doit donc continuer d’être acheminée pour mener à bien les actions de protection des enfants, de lutte contre l’insécurité alimentaire, d’accès à l’eau potable et aux soins de santé. 6 millions de Vénézuéliens continuent de fuir les violences quotidiennes et nécessitent une assistance humanitaire immédiate :

  • Plus de 3 millions de personnes nécessitent une protection particulière, c’est le cas des enfants qui ont été séparés de leur famille ou victimes de trafic.
  • Plus de 3 millions de Vénézuéliens ont besoin d’une aide médicale.
  • Plus de 2,5 millions de personnes sont en insécurité alimentaire.
  • Près de 2,4 millions de personnes ont besoin d’un abri.
  • 1,5 million de personnes n’ont pas accès à l’eau potable et aux infrastructures sanitaires.
  • Plus d’un million de personnes n’ont pas accès à l’éducation.

Pour venir en aide durablement aux Vénézuéliens, le partenariat World Vision souhaite ouvrir un bureau au Venezuela et recruter les personnes nécessaires pour agir sur place.

Il s’agit alors de mettre en place un programme de développement pour s’attaquer aux causes profondes de cette crise humanitaire.

L’objectif est de venir en aide à 40 000 enfants d’ici fin 2020 et 300 000 personnes supplémentaires dans les pays hôtes.

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